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Partie 2 de l'article

Les 3 contradictions du

Confinement.

Contradiction numéro 2 : home versus office.

Il est très intéressant de constater que la crise du coronavirus, par le biais du télétravail déployé à grande échelle, met soudain en exergue les principaux maux de l’organisation du travail moderne. Nous voici soudain, plongés entre solitude et sur-sollicitation. Entre le pas assez et le trop. Nous sommes confinés. Pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement et professionnellement.  

           Entre une liberté du travail trop importante qui peut en devenir angoissante. Entre une charge de travail ralentie mais constante, sans véritable limitation entre nos différentes sphères. 

          La charge mentale, l’ennui au travail, la quête de sens, l’alignement du soi avec la sphère professionnelle, l’égalité hommes-femmes quand il s’agit du rôle parental et de la carrière, ainsi que la remise en question du management vertical sont des sujets lourds qui trustent le podium de nos angoisses professionnelles depuis les 10 dernières années. 

          Car passé l’émoi des premières semaines, nous allons désormais arriver à une situation inédite et inenvisagée jusqu’à présent : la cristallisation de toutes nos problématiques à un seul et même endroit, et au même moment. 

" La crise sanitaire sans précédent a poussé nos équipes dans leurs retranchements - au sens propre comme au figuré. "

          En effet, cette crise sanitaire sans précédent a poussé nos équipes dans leurs retranchements - au sens propre comme au figuré. et c’est ainsi que nous devenons soudain confrontés à une nouvelle contradiction à gérer : comment aménager cette nouvelle organisation du travail en respectant les différents challenges personnels que vivent nos salariés, et que nous ne pouvons plus - décemment - ignorer ? 

         Pour mieux comprendre la pertinence de mon propos, il faut se replonger dans l’avant Covid. Certes, c’était il y a à peine 6 semaines mais en tant que manager, cadre ou dirigeant, cela vous semble à vous aussi - déjà - un autre monde. Pour les plus récalcitrants au changement, cette période n’est pas simple. Mais pour nos équipes, elles sont encore plus compliquées. 

          Avant le covid-19, nous étions tous conscients de la vie personnelle de nos équipes. Mais elle n’interférait pas, et très honnêtement, pour la plupart d’entre nous, et quelque soit notre niveau de compréhension, nous souhaitions qu’il en soit ainsi. Une sphère très claire était ainsi établie entre la zone personnelle, et la zone professionnelle. Et que nos collaborateurs aient 1 ou 5 enfants, cela ne nous regardait pas. Malheureusement, un grand nombre d’entreprises ne tenait aucun compte de ces considérations personnelles, comme si cette réalité pouvait être niée à l’heure du travail, et particulièrement pour les femmes. 

          Aujourd’hui, force est de constater que le rapport - de force, s’il en est - s’est inversé. Autrefois, (oui, il y a un mois et demi), les managers priaient leurs collaborateurs et collaboratrices (et surtout ces dernières, n’en déplaise aux bien-pensants) de bien vouloir laisser leur vie privée à la porte du bureau. Ironie du sort quand quelques jours plus tard, nous les supplions de bien vouloir inviter leur vie professionnelle dans leur foyer. 

          Plus grave encore, alors que nous entrons dans leur intimité, l’entreprise est désormais confrontée à une dérégulation du rythme de travail, que les cadres et dirigeants ne maîtrisent plus tout à fait. 

          Les entreprises se voient qualifiées de « non indispensables » du jour au lendemain. L’impact sur la personne morale n’est pas forcément violent, surtout en temps d’urgence sanitaire où le bon sens convainc tout un chacun que le maquillage est un apparat peu utile lorsque sa vie est en jeu. Mais tout de même. Cette qualification redescend ensuite sur nos équipes, qui se voient elles aussi étiquetées de « non indispensables » pour celles qui sont en chômage partiel, ou pire licenciées. (Le jour de l’annonce du confinement, certaines entreprises n’ont pas hésité à ordonner la rupture de tous leurs contrats en périodes d’essai…) 

          Et pour ceux qui sont en télétravail se pose légitimement la question du sens. Rappelez-vous, cette quête ultime du bonheur, du sens, et de l’utilité. Aujourd’hui, le covid-19 plante une nouvelle contradiction : celle de l’urgence inutile. De la tâche futile mais qui doit pourtant être faite. 

" Nous allons désormais arriver à une situation inédite et inenvisagée jusqu'à présent : la cristallisation de toutes nos problématiques à un seul et même endroit, au même moment. "

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          Aujourd’hui, une nouvelle organisation du travail doit clairement être pensée. Le home-office d’avant n’est plus celui d’aujourd’hui. Imposé, il doit être repensé pour être efficace et permettre à chacun de ne pas succomber. A l’envie de ne rien faire ou au contraire à la sensation d’être débordé. 

          La crise du covid doit nous amener à réinventer des outils, à innover pour permettre un télétravail de qualité, sans quoi nous allons inventer de nouveaux maux du travail qui s’ajouteront aux maux du quotidien, qu’eux non plus nous ne pouvons plus ignorer. 

10 pistes pour mettre en place une nouvelle organisation du travail : 

1. Faites le point avec votre équipe sur leurs contraintes personnelles (enfants en bas âge, petit appartement, confinement en solitaire, personne âgée ou deuil du covid, parent célibataire…) 

2. Définissez une valeur et une ligne de conduite pour l’ensemble de votre équipe. Il ne s’agit pas d’actes (ex : horaires fixes), mais de valeur valable pour tous (ex : maintien des salaires quelque soit la situation familiale, ou au contraire : arrêt maladie pour toutes les gardes d’enfant). A vous de voir, mais n’oubliez pas que vos décisions prises en temps de crises sont celles qui vous définissent en tant que leader. Et celles qui resteront. 

3. Appliquez vos valeurs et défendez-les. N’ignorez pas les circonstances personnelles. Vos équipes vous en seront reconnaissantes, et pour ceux qui ne le sont pas, vous saurez quoi faire. 

4. Définissez un planning avec des moments consacrés à différents sujets et communiquez-le à votre équipe, afin qu’ils sachent à quel moment vous solliciter et pour quel sujet. 

5. Envisagez cette organisation sur du long terme. Nous n’avons pas d’indication sûre pour le moment, mais vous serez plus performants si vous y êtes préparé. 

6. Soyez compréhensif et n’hésitez pas à exprimer votre reconnaissance. Il est important de donner envie à chacun de faire de son mieux. 

7. Répartissez la charge de travail en établissant un planning pour l’ensemble de votre équipe, qui tient compte des contraintes personnelles de chacun. Veillez à ce que le planning leur convienne (vous pouvez leur demander de vous le proposer) et qu’ils s’engagent. 

8. Organisez des réunions en visioconférence de temps en temps. Voir votre équipe vous permettra de leur donner vie, de renforcer la cohésion, et de rendre vos réunions plus réelles. 

9. Demandez-leur de vous préparer des points à une fréquence qui vous convient (mensuelle ou hebdomadaire), avec de vrais éléments écrits ou des présentations. Cela évitera la perte d’informations et avec le partage d’écrans, vous pourrez en faire profiter toute l’équipe. 

10. Prenez des nouvelles de leur famille. S’ils ne le souhaitent pas, n’insistez pas. Mais en ce moment, l’humain demeure vraiment le plus important. 

Emmanuelle Vandepitterie

troisième partie de l'article - les 3 contradictions du confinement

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